« L’ère des assistants vocaux est en train de tourner au flop monumental »


Lors de l’exposition d’Amazon au CES de Las Vegas (Etats-Unis), le 11 janvier 2019.

Joie ! Discuter avec son robot sera bientôt possible. Amazon a présenté, mercredi 20 septembre, la dernière version de son assistant vocal Alexa dotée d’un nouveau cerveau artificiel. « Cela va amener une expérience entièrement nouvelle », a promis David Limp, le patron de la division matériels.

Il serait en effet temps de renouveler l’expérience, car l’ère des assistants vocaux, supposés révolutionner le monde du numérique en envoyant aux oubliettes claviers et souris, est en train de tourner au flop monumental. Google, Apple, Microsoft, qui s’étaient tous engagés dans cette voie prometteuse, s’en éloignent discrètement pour voler au-devant de la nouvelle folie du numérique, l’intelligence artificielle.

Interrogé par le Financial Times, le patron de Microsoft, Satya Nadella, tout à sa fierté d’être à la pointe du nouveau combat grâce à son rachat de ChatGPT, assure désormais que les assistants vocaux « sont bêtes comme la pierre » et ne fonctionnent pas.

Un succès populaire

David Limp doit donc ramer à contre-courant pour démontrer le contraire. Pourtant, Alexa est objectivement un succès populaire. Il est présent dans près de 20 % des foyers américains et plus de 130 000 produits sont désormais compatibles avec la petite enceinte qui peut donc les commander. Mais l’heure n’est plus à l’euphorie. Témoin, la dernière vague de licenciements massifs chez Amazon, près de 28 000 personnes, a visé en particulier la division matériels dont Alexa est le produit phare. Trois raisons expliquent cette déconvenue.

D’abord les usages sont restés frustes. Jeff Bezos rêvait d’un serviteur domestique capable de faire les courses, de conseiller les meilleurs films, de préparer le café le matin. Dans la réalité des foyers, il sert essentiellement à allumer la lumière et à mettre la radio. Un interrupteur de luxe. De plus la petite boule ronde, qu’elle soit siglée Amazon ou Google, s’est vite révélée intrusive, puisqu’elle écoute les conversations et réagit à certains mots-clés. Cette écoute permanente lui a fermé la porte des entreprises qui n’aiment pas les curieux.

Enfin, conséquence de ces deux constats, le modèle économique n’a jamais été au rendez-vous. Elle devait doper les ventes en ligne, mais cela n’a jamais été prouvé. Cette technologie vendue à prix coûtant, d’où son succès, est devenue un gouffre. La division matériels d’Amazon aurait perdu, selon le Wall Street Journal, jusqu’à 5 milliards de dollars (4,68 milliards d’euros) certaines années. D’ailleurs David Limp a programmé son départ à la retraite pour la fin de l’année.

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